15 janvier 2025

Saïd Amara : l’illustre parcours d’une légende du football algérien

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Saïd Amara, figure emblématique du football algérien, a marqué l’histoire de son sport par son talent exceptionnel et son engagement patriotique. Né le 11 mars 1933 à Saïda et décédé le 2 août 2020 dans sa ville natale, cet homme aux multiples facettes a laissé une empreinte indélébile sur le football algérien et français. Joueur talentueux, entraîneur visionnaire et dirigeant influent, Saïd Amara incarne à lui seul toute une époque charnière de l’histoire algérienne.

Les débuts prometteurs d’un jeune prodige

Issu d’un milieu modeste, le jeune Saïd grandit dans le quartier populaire de la Marine à Saïda. Malgré des conditions de vie difficiles, il développe très tôt une passion pour le football qui deviendra son échappatoire et son moyen d’ascension sociale.

Une enfance marquée par la précarité

Saïd Amara est le cadet d’une fratrie de 5 enfants. Sa famille vit dans des conditions précaires, habitant une cave sans aération dans une maison collective. Le jeune Saïd décrit lui-même son logement comme « un igloo : on n’avait pas de lit, par terre de la terre, pas de carrelage ». Les repas sont frugaux, se limitant souvent à « du couscous avec du lait ».

Le football comme échappatoire

Malgré l’opposition initiale de son père, Saïd Amara trouve dans le football un moyen d’échapper à sa condition. Dès 1948, à l’âge de 15 ans, il rejoint le club du Gaieté Saïdéen. Ce choix s’avère déterminant pour son avenir, le président du club lui permettant de poursuivre ses études et lui trouvant un emploi à la mairie.

Une carrière de joueur exceptionnelle

Le talent de Saïd Amara ne tarde pas à être remarqué, le propulsant vers une carrière professionnelle riche en rebondissements, tant en Algérie qu’en France.

Les premiers pas en Algérie

Après ses débuts au Gaieté Saïdéen, Saïd Amara rejoint en 1954 le prestigieux Sporting Club de Bel Abbès, un club dominant le football oranais de l’époque. Cette expérience lui permet de se confronter à un niveau de jeu plus élevé et d’affiner ses qualités techniques.

L’aventure française

En 1956, Saïd Amara franchit la Méditerranée pour rejoindre le Racing Club de Strasbourg. Il y dispute 24 matchs et marque 3 buts en une saison, avant de poursuivre sa carrière à l’AS Béziers de 1957 à 1960. C’est dans ce club qu’il s’impose véritablement, inscrivant 32 buts en 98 matchs.

Club Période Matchs joués Buts marqués
RC Strasbourg 1956-1957 24 3
AS Béziers 1957-1960 98 32
Girondins de Bordeaux 1962-1964 45 10

L’engagement patriotique avec l’équipe du FLN

L’année 1960 marque un tournant dans la carrière et la vie de Saïd Amara. Il quitte les Girondins de Bordeaux pour rejoindre l’équipe du Front de Libération Nationale (FLN) algérien. Cette formation, non reconnue par la FIFA, rassemble des joueurs algériens évoluant en France dans le but de promouvoir la cause de l’indépendance algérienne. Saïd Amara y dispute 21 matchs et inscrit 11 buts, participant ainsi à la lutte pour la reconnaissance internationale de l’Algérie.

Le retour en France et les dernières années de joueur

Après l’indépendance de l’Algérie en 1962, Saïd Amara retourne aux Girondins de Bordeaux. Il y connaît l’un des moments forts de sa carrière en atteignant la finale de la Coupe de France en 1964. Il termine ensuite sa carrière de joueur en Algérie, d’abord au MC Saïda (1964-1968) puis à la JSM Tiaret (1968-1971), remportant au passage la Coupe d’Algérie en 1965 avec le MC Saïda.

Une reconversion réussie comme entraîneur et dirigeant

La fin de sa carrière de joueur ne marque pas la fin de l’implication de Saïd Amara dans le football. Il entame une nouvelle carrière d’entraîneur et de dirigeant, tout aussi riche en succès et en expériences variées.

Les débuts comme entraîneur-joueur

Saïd Amara commence sa carrière d’entraîneur alors qu’il est encore joueur. Il occupe le poste d’entraîneur-joueur au MC Saïda de 1964 à 1968, puis à la JSM Tiaret de 1968 à 1971. Cette double fonction lui permet de transmettre son expérience directement sur le terrain tout en développant ses compétences tactiques.

À la tête de la sélection nationale algérienne

La carrière d’entraîneur de Saïd Amara atteint son apogée lorsqu’il prend les rênes de l’équipe nationale algérienne. Il occupe ce poste à deux reprises, d’abord en 1968-1969, puis en 1973-1974. Lors de son second mandat, il mène l’Algérie à la troisième place de la Coupe de Palestine des Nations en 1973, un résultat honorable pour une équipe en pleine construction.

Les succès en club

Après son expérience avec la sélection nationale, Saïd Amara poursuit sa carrière d’entraîneur dans différents clubs algériens. Il connaît notamment le succès avec le GC Mascara, qu’il mène au titre de champion d’Algérie en 1984. Ce titre vient couronner une carrière d’entraîneur riche et variée, qui l’a vu diriger des équipes comme l’ES Mostaganem (1973-1974), le MC Oran (1976-1979) et le MC Saïda (1985-1986).

L’héritage de Saïd Amara

Au-delà de ses performances sur le terrain et de ses succès en tant qu’entraîneur, Saïd Amara a laissé une empreinte durable sur le football algérien, tant par son engagement que par sa vision du sport.

Un parcours symbolique de l’histoire algérienne

La carrière de Saïd Amara est intimement liée à l’histoire de l’Algérie. Son passage dans l’équipe du FLN illustre l’engagement des sportifs dans la lutte pour l’indépendance. Après 1962, son retour en Algérie et son implication dans le développement du football national symbolisent la construction du pays nouvellement indépendant.

Un découvreur de talents

Tout au long de sa carrière d’entraîneur, Saïd Amara s’est distingué par sa capacité à détecter et à former de jeunes talents. On lui doit notamment la découverte de joueurs exceptionnels comme Lakhdar Belloumi ou Tedj Bensaoula, qui ont marqué l’histoire du football algérien.

Un intellectuel engagé

Saïd Amara ne se contentait pas d’être un technicien du football. Il était également connu pour ses prises de position sur l’état du football algérien. Il n’hésitait pas à dénoncer ce qu’il percevait comme du régionalisme dans le football national, lançant notamment cette phrase restée célèbre : « Pour être Algérien, il faut être Algérois ! »

La fin d’une époque

Le décès de Saïd Amara le 2 août 2020, à l’âge de 87 ans, marque la fin d’une époque pour le football algérien. Il était l’un des derniers représentants de cette génération de joueurs qui ont connu à la fois le football colonial, la lutte pour l’indépendance et la construction du football dans l’Algérie indépendante.

Un hommage unanime

La disparition de Saïd Amara a suscité de nombreux hommages dans le monde du football algérien et au-delà. Joueurs, entraîneurs, dirigeants et supporters ont salué la mémoire d’un homme qui a consacré sa vie au développement du football de son pays.

Un exemple pour les générations futures

Le parcours de Saïd Amara, de son enfance modeste à Saïda jusqu’aux plus hautes responsabilités dans le football algérien, en passant par une carrière de joueur international, reste un exemple inspirant pour les jeunes générations de footballeurs algériens. Il incarne les valeurs de persévérance, d’engagement et de passion qui sont au cœur du sport.

L’impact durable de Saïd Amara sur le football algérien

L’influence de Saïd Amara sur le football algérien dépasse largement le cadre de sa carrière de joueur et d’entraîneur. Son engagement et sa vision ont contribué à façonner l’identité et les structures du football national.

Une contribution à la formation des jeunes

Tout au long de sa carrière, Saïd Amara a accordé une importance particulière à la formation des jeunes joueurs. Son expérience en tant que joueur professionnel en France lui a permis d’apporter de nouvelles méthodes d’entraînement et une approche plus professionnelle de la préparation des joueurs.

Un rôle dans la structuration du football algérien

Après sa carrière d’entraîneur, Saïd Amara a occupé des postes à responsabilité au sein de la Fédération algérienne de football. Dans ces fonctions, il a œuvré pour la modernisation des structures du football algérien, s’appuyant sur son expérience internationale pour promouvoir des standards plus élevés.

Un ambassadeur du football algérien

Par son parcours exceptionnel et sa stature d’intellectuel du football, Saïd Amara a joué un rôle d’ambassadeur du football algérien à l’international. Ses passages dans le championnat français et son engagement dans l’équipe du FLN ont contribué à faire connaître le talent des joueurs algériens au-delà des frontières du pays.

Les leçons à tirer du parcours de Saïd Amara

La vie et la carrière de Saïd Amara offrent de nombreuses leçons, tant pour le monde du football que pour la société algérienne dans son ensemble.

L’importance de l’éducation

Malgré ses origines modestes, Saïd Amara a toujours accordé une grande importance à l’éducation. Son parcours montre comment le sport peut être un vecteur d’ascension sociale et d’épanouissement personnel, tout en soulignant l’importance de développer des compétences au-delà du terrain.

L’engagement au service d’une cause

L’engagement de Saïd Amara dans l’équipe du FLN illustre comment le sport peut être mis au service d’une cause plus grande. Son choix de quitter une carrière prometteuse en France pour rejoindre la lutte pour l’indépendance témoigne d’un sens profond du devoir et de l’engagement patriotique.

La nécessité d’une vision à long terme

Tout au long de sa carrière, Saïd Amara a démontré l’importance d’avoir une vision à long terme pour le développement du football. Ses efforts pour améliorer la formation des jeunes et moderniser les structures du football algérien s’inscrivaient dans une perspective de développement durable du sport.

Saïd Amara dans la mémoire collective

Aujourd’hui, Saïd Amara occupe une place de choix dans la mémoire collective du football algérien. Son nom est associé à une période charnière de l’histoire du pays et du sport national.

Un symbole de réussite et d’engagement

Pour de nombreux Algériens, Saïd Amara incarne un modèle de réussite et d’engagement. Son parcours, des terrains poussiéreux de Saïda aux stades prestigieux de France, en passant par son rôle dans la lutte pour l’indépendance, illustre les possibilités offertes par le sport et l’importance de l’engagement personnel.

Une source d’inspiration pour les générations futures

Les jeunes footballeurs algériens continuent de s’inspirer du parcours de Saïd Amara. Son histoire rappelle l’importance du travail, de la persévérance et de l’engagement pour réussir.

Citations:
[1] https://lagazettedufennec.com/said-amara-lintellectuel-de-saida-au-parcours-fascinant/
[2] https://racingstub.com/persons/253/
[3] https://kapitalis.com/tunisie/2020/02/10/deces-de-said-amara-lun-des-pionniers-du-handball-tunisien/
[4] https://fr.wikipedia.org/wiki/Sa%C3%AFd_Amara_(football)
[5] https://www.footballdatabase.eu/fr/joueur/details/66577-said-amara
[6] https://www.google.fr/policies/faq
[7] https://fr.wikipedia.org/wiki/Sa%C3%AFd_Amara
[8] https://en.wikipedia.org/wiki/Sa%C3%AFd_Amara
[9] https://www.lebuteur.com/article/detail?titre=deces-de-lancien-joueur-de-lequipe-du-fln-said-amara&id=96766
[10] https://www.rfi.fr/fr/afrique-foot/20200802-alg%C3%A9rie-sa%C3%AFd-amara-ancien-joueur-fln-est-mort

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